À quelques mois du terme de son quinquennat, François Hollande a donc compris deux choses essentielles :

- Même sa bonne étoile ne pourrait rien pour lui cette fois-ci. Son bilan calamiteux et le rejet profond que sa propre personne suscite lui assuraient une lourde défaite en cas de nouvelle candidature à la Présidentielle.

- Hormis le fait d'avoir été le pire Président de la Vème République (pourtant, Chirac et Sarkozy avaient mis la barre assez haut), l'Histoire (avec un grand "H" comme on dit) ne pourrait rien retenir de son action.

Aussi, a-t-il pris la décision de ne pas risquer cette défaite annoncée tout en entrant dans l'histoire (avec un petit "h") comme étant le seul Président de la Vème République à ne pas postuler à sa propre succession.

Il n'est pas temps de faire le bilan de ce quinquennat mais il est déjà clair pour tout le monde (hormis pour une poignée d'irréductibles) qu'il est désastreux : terrorisme islamiste, chômage endémique, précarité généralisée, hausses d'impôts vertigineuses, croissance anémique, éducation nationale aux mains des pires idéologues, crise migratoire sans précédent, laxisme judiciaire, affaiblissement de la voix de la France à l'international et notamment en Europe, etc. etc. Désastreux et peut-être pire encore.

À cela vient s'ajouter l'image de ce "Président normal" qui nous fait vraiment espérer pour mai prochain un Président anormal. Avec Sarkozy, la fonction présidentielle avait déjà été soumise à rude épreuve. Avec Hollande, elle est abîmée, salement amochée. De ses escapades en scooter pour rejoindre clandestinement sa dulcinée aux confidences hallucinantes faites à des journalistes auxquels il va jusqu'à livrer des secrets-défense, François Hollande n'aura jamais réussi à revêtir les habits de chef de l'État.

Et soudain, parce qu'il décide de ne pas se représenter, d'aucuns le parent de qualités qu'ils lui déniaient la veille encore.

C'est ainsi que je lis et entends que sa sortie aurait été digne.

Mais quelle dignité y a-t-il à tenter vainement, pitoyablement même, de vendre comme positif un bilan calamiteux ?

Quelle dignité y a-t-il à refuser le verdict des urnes et donc des Français ?

Enfin, quelle dignité y a-t-il à se réfugier derrière ce renoncement pour éviter la plus grande humiliation politique de ces dernières décennies ?

Dans son allocution d'hier, François Hollande a tenté de donner un relief positif à son bilan. Sa voix, ses intonations et son abattement laissaient bien transparaître que lui-même n'y croyait pas. Cette façon de défendre son bilan avait tout de navrant et de pathétique.

Navrant et pathétique, à l'image de ce quinquennat. A l'image aussi de cet homme qui n'aura eu de cesse de répéter inlassablement "Moi Président" lors d'une anaphore restée célèbre alors qu'il ne l'aura finalement jamais été.