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Un peu de tout sur pas grand chose

La défaite de leur pensée

Publié le 20 Novembre 2015 par Michel Cavargini in Réflexions

Que Alain Finkielkraut me pardonne d'avoir travesti le titre de l'un de ses ouvrages majeurs pour ce très court et ô combien modeste article mais son livre est une référence et je voulais par la même occasion inciter ceux qui ne l'auraient pas encore lu à se le procurer ("La défaite de la pensée" de Alain Finkielkraut - Gallimard 2006). Et puis, nous sommes bien d'accord, qu'il n'en saura jamais rien :)

Depuis les funestes attaques du vendredi 13 novembre, tout a été dit par tout le monde sur la barbarie des terroristes, sur l'angélisme de notre société, sur les mesures d'urgence prises par le gouvernement, sur le temps perdu depuis Charlie Hebdo en janvier dernier - voire depuis des années - sur les inflexions nécessaires en matière de politique étrangère avec la Russie et le régime de Assad, sur les relations avec des pays comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite, sur le laxisme d'une Justice incarné au plus haut niveau de l'Etat par Madame Taubira, sur la bravoure, le courage et la détermination de nos forces de l'ordre qui méritent notre respect le plus absolu, sur les faillites de l'Europe en matière de frontières et de renseignements, sur le rôle diabolique joué par la Turquie de Erdogan, et sur bien d'autres choses encore.

Il reste néanmoins un élément sur lequel j'aimerais revenir à travers ces quelques lignes. Il s'agit de la défaite majeure de la pensée de ceux qui depuis 30 ou 40 ans - pour faire simple parlons de l'esprit de 68 - ont fait de l'anti-France un fonds de commerce politique en exerçant un "terrorisme intellectuel" (l'expression est de Jean Sévilla) sur tous ceux qui ne pensaient pas comme eux, en pratiquant sans vergogne l'injure, l'anathème, le mensonge et les procès d'intention.

Sur l'air fameux scandé dans les stades de foot par les supporters incitant à sauter tous ensemble pour montrer que l'on défend bien les mêmes couleurs, ces politiques, journalistes, intellectuels, éditorialistes, artistes et j'en passe auraient très bien pu chanter "Qui ne saute pas est un facho !".

Pendant des années, nous avons été sans cesse ramenés "aux heures les plus sombres de notre histoire" par ceux-là mêmes qui, de fait, pratiquent un totalitarisme de la pensée. On dénonce l'immigration ? On est évidemment raciste. On estime qu'il y a trop d'étrangers en France ? Xénophobe. On ose prétendre que l'insécurité grandit dans nos banlieues. Extrémiste bien sûr. On alerte sur le danger de l'islamisme et on défend la laïcité ? On ne peut être qu’islamophobe. On met en avant la patrie, la nation, les frontières, l'instruction civique, le rôle de l'Histoire dans l'éducation nationale, l'erreur magistrale que constitue la repentance permanente ? Fasciste !

Facho : voilà le mot !

Il fallait, sous peine d'être mal vus, déconsidérés et mis au ban de la société, défendre leur vision d'une société multiculturelle, d'une immigration de peuplement à travers le regroupement familial (décidé par la Droite sous Giscard), du communautarisme comme nouveau paradigme républicain, d'un antiracisme comme nouvelle lutte finale. Tout cela évidemment au service d'une Europe de la finance sans frontière, sans culture ni attache nationale, sans inconscient collectif. Il fallait que leur modèle soit un modèle universel. Un Euroland monétaire au bénéfice de multinationales apatrides exerçant leur domination sur des peuples voués à disparaître sous une pression migratoire de plus en plus grande et un éclatement de nos valeurs déclarées rances, réactionnaires, rétrogrades et j'en passe.

Et puis, petit à petit, quelques esprits ont commencé à faire entendre leur voix discordante. Il est devenu de plus en plus difficile de faire taire tout le monde. Leur entreprise totalitaire n'étant pas encore achevée au sens politique, il a été encore possible pour certains de se hisser en haut du mât et de crier non pas "Terre !" mais, telle des vigies attentives, "Danger !"

Je pense ici à Zeemour, Finkielkraut, Onfray, Debray et quelques autres moins en vue. Ils ne sont pas d'accord sur tout. Ils divergent sur certains points importants et vouloir les enfermer dans une seule et même case est une erreur d'analyse due à de la paresse intellectuelle ou à une incompréhension des enjeux. Mais il se rejoignent sur l'essentiel.

Loin d'être majoritaires dans les médias (hormis "Valeurs Actuelles" ou "Causeur", quels autres organes de presse défendent ces idées-là ?), notamment à la télévision où le discours reste celui des enfants de SOS Racisme dans toutes les émissions grand public vues par des millions de téléspectateurs, ces quelques voix ont néanmoins capté l'attention du peuple qui a bien compris que quelque chose commençait à clocher dans notre société. Comme le dit et l'explique Laurent Bouvet dans son dernier livre, oui, il règne en France une "insécurité culturelle" qu'il ne faut pas nier mais au contraire prendre en compte, analyser et comprendre pour aller mieux demain, ensemble ("L'insécurité culturelle" de Laurent Bouvet - Fayard 2015)

Il faut toujours des éclaireurs. Ils furent ceux-là.

Aujourd'hui, beaucoup commencent à comprendre que la France ne peut être une société multiculturelle. Que cela est un danger. Que cela a toujours mené aux conflits et à la guerre. Qu'à force de nous libaniser, nous allions connaître le funeste destin de ce merveilleux pays. Qu'en abandonnant le modèle assimilationniste - celui qui a permis à des étrangers et à leurs enfants de devenir des vrais Français - au profit de leur fumeuse intégration et pire encore de leur modèle de société "inclusive" nous n'avions plus les clés pour faire qu'un jeune issu de l'immigration se sente Français au plus profond de son âme. Qu'en faisant exploser les chiffres de l'immigration, nous ne pouvions plus correctement accueillir ces personnes qui de fait ne pouvaient être qu'en situation d'échec dans notre pays et donner ainsi lieu à tout ce à quoi nous assistons dans les banlieues : chômage, pauvreté culturelle, trafic, délinquance, racailles, haine de la France.

Nous avons notre culture, notre histoire, nos traditions, notre mode de vie, nos coutumes, notre langue. Que cela n'a rien à voir avec la couleur de la peau ou la religion mais que cela fait sens pour dire qu'avant d'être noir, arabe, blanc, jaune, musulman, chrétien, juif, athée, de gauche, de droite, du centre ou d'ailleurs, nous sommes Français. Et que cela nous unit par-dessus tout. Que cela ne signifie pas seulement que nous ayons une législation commune comme on voudrait nous le faire croire. Une nation c'est bien plus que ça. Une nation c'est bien plus encore qu'un "plébiscite de tous les jours" selon la formule de Renan. Pour reprendre Fustel de Coulanges, "Les hommes sentent dans leur cœur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections, de souvenirs et d'espérance. Voilà ce qui fait la patrie". J'ajouterais qu'appartenir à une même nation ce sont aussi des souvenirs et des sacrifices en commun. nous ne sommes que les héritiers d'une nation qui pré-existe et nous dépasse.

On commence à sortir de l'aveuglement idéologique qui nous a conduit là où nous en sommes : une société qui a renoncé à ses valeurs morales, à l'autorité, à la laïcité, à ses traditions, à la famille, à son histoire, à ses frontières, à sa monnaie, à l'école comme lieu d'instruction et de transmission, à l'idée de patrie et de nation, au drapeau, à l'hymne national et à tant d'autres choses. Nous étions devenus de simples consommateurs avachis devant les émissions débiles de télé-réalité. Nous redeviendrons des citoyens en nous réappropriant tout ce que nous avons abandonné en ayant cru aux foutaises que nous ont servies ces gauchistes libertaires alliés objectifs sans même le comprendre des ultra-libéraux trop heureux de pouvoir faire du fric sur le dos des peuples lobotomisés.

La réalité rattrape toujours ceux qui la nient. Nos idéologues se prennent aujourd'hui le mur de la réalité en pleine face comme leurs prédécesseurs qui voyaient en Staline un bienfaiteur de l'humanité, en Mao un être merveilleux, en Castro ou Ho Chi Min des libérateurs. Le souci majeur c'est qu'ils se le prennent en pleine face parce que 129 de nos compatriotes viennent de perdre la vie et plusieurs centaines d'autres sont marqués dans leur chair à la suite des attentats perpétrés vendredi dernier. Voilà aussi où nous a conduit leur idéologie mortifère.

Ces derniers événements sonnent la défaite de leur pensée. Non pas encore leur défaite politique, mais c'est un préalable indispensable pour que nous puissions, demain, reprendre en main notre destin. Car une nation c'est aussi cela : un destin.

 

 

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