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A peine les Régionales achevées nous voilà plongés dans la prochaine élection présientielle qui va animer tous les acteurs et commentateurs politiques d'ici 2017. Entre une gauche qui a sauvé les apparences, une droite qui n'a pas vraiment gagné et un Front National qui hésite entre satisfaction du premier tour et déception du second, les trois grandes forces du paysage politique français sont déjà tournées vers cette prochaine échéance.
Pour "Les Républicains", tout va aller très vite du fait de la primaire qui doit désigner leur candidat. Deux hommes semblent être les grands favoris : Nicolas Sarkozy et Alain Juppé. Les deux pensent - à tort ou à raison, nous le verrons - qu'une victoire à la primaire leur ouvrira automatiquement les portes de l'Elysée.
Le calcul est simple : en remportant la primaire, il suffira de finir deuxième au premier tour derrière Marine Le Pen qui semble aujourd'hui devoir se qualifier pour le second, pour la battre ensuite avec plus ou moins de marge au second.
Pour cela, Nicolas Sarkozy espère que cette primaire mobilisera surtout les militants du parti qui forment son socle électoral le plus important alors que Alain Juppé souhaite mobiliser bien au-delà du parti, se posant en vieux sage capable de rassembler par-delà les clivages.
Le nombre d'électeurs sera prépondérant pour départager les deux protagonistes. Proche du million, Nicolas Sarkozy sera presque assuré d'être le candidat de la Droite. Proche des trois millions, ce sera vraisemblablement Alain Juppé.
Un troisième larron nommé François Fillon espère se mêler à la lutte mais le retard semble considérable et à moins d'un concours de circonstances à la DSK pour Hollande, les dés semblent jetés.
La question qui se pose est de savoir si, comme ils le pensent tous les deux, il suffira de gagner la primaire pour gagner la Présidentielle.
Pour Alain Juppé, à ce jour, cela semble être le cas. En remportant la primaire, il gèle toute candidature au Centre et fera le plein des voix LR+UDI+MODEM ce qui le placera immédiatement à un très haut niveau.
Pour Nicolas Sarkozy, l'équation est différente. S'il gagne la primaire, il devra faire avec au minimum la candidature de François Bayrou au premier tour de la Présidentielle. Les voix qui se porteront alors sur le candidat du Centre pourraient lui manquer pour accéder au second tour qui verrait donc Marine Le Pen être opposée au candidat de Gauche.
En effet, après le résultat des Régionales, le Président de la République peut encore croire en sa bonne étoile. Le total des voix de gauche est encore assez conséquent pour lui faire espérer un second mandat.
Pour cela, il faudra d'abord qu'il parvienne à opérer une union minimale dans son camp. Il ne pourra rien espérer si les voix de gauche se dispersent dès le premier tour.
Il faudra aussi que ce soit Nicolas Sarkozy qui remporte la primaire. Face à Alain Juppé, il semble n'avoir aucune chance et finirait troisième du premier tour. Raison pour laquelle il ne prendra sa décision qu'au dernier moment.
Si le Maire de Bordeaux est le candidat de droite, il pourra fort bien prétexter de la non inversion de la courbe du chômage pour ne pas se représenter (une première pour un Président sortant !), laissant alors Manuel Valls prendre place et surtout prendre date pour 2022. Car Valls ou Hollande, face à Juppé, le résultat semble acquis d'avance pour ce dernier.
En revanche, si Nicolas Sarkozy remporte la primaire, François Hollande, en fin stratège, se dira qu'il a une chance réelle de finir devant lui du fait de la dispersion des voix de droite. Alors il se présentera et pourra défier Marine Le Pen au second tour et sans doute la battre.
Normalement, celle-ci devrait battre le record de voix obtenues par le Front National au second tour des Régionales et ainsi se qualifier pour la finale.
Tout son problème sera de pouvoir atirer de nouveaux électeurs entre le premier et le second tour étant donné que le FN fait quasiment le plein au premier et cale au second comme l'ont montré les résultats de dimanche. Que ce soit Marine Le Pen dans le Nord ou Marion Maréchal Le Pen en PACA, les gains entre les deux tours sont réels mais trop peu suffisants pour faire trembler leurs adversaires.
A ce jour, sans allié et sans véritable crédibilité au-delà les électeurs déjà convaincus, le Front National ne parvient pas à rassembler suffisamment. Il risque d'en être de même en 2017.
On peut estimer qu Marine Le Pen ferait son meilleur score face à François Hollande. De là à le battre, il faudrait qu'une grande majorité des électeurs de droite votent pour elle. Or, cela semble aujourdhui compliqué.
Face à Nicolas Sarkozy, et malgré le rejet massif des électeurs de gauche à l'égard ce dernier, comme face à Alain Juppé, la partie s'annonce encore plus compliquée.
Pour espérer gagner la Présidentielle, Marine Le Pen n'a pas d'autre choix que de rassembler. Or, si elle a rassemblé 6,8 millions de Français lors du second tour des Régionales et peut espérer dépasser aisément les 7 millions du fait des abstentionnistes qui iront voter pour la Présidentielle, elle semble aujourd'hui loin du compte pour remporter le second tour.
Pour cela, une victoire dans une ou plusieurs régions aurait été essentielle afin de faire la démonstration de la capacité du Front National à diriger une grande collectivité sans trouble, sans heurts et avec efficacité. Aujourd'hui, le Front National en fait la démonstration dans quelques villes mais cela ne marque pas assez les esprits pour jouer d'un poids suffisant auprès des indécis et des récalcitrants.
Il aurait ainsi gagné en crédibilité et aurait rassuré bon nombre d'électeurs, notamment de droite si elle devait affronter François Hollande au second tour en 2017.
Et c'est aussi la raison majeure, voire l'unique raison, pour laquelle les Socialistes ont tout fait pour faire perdre le Front National en PACA et dans le Nord en retirant leurs listes ou en appelant à voter contre la liste qui s'était maintenue dans le Grand Est.
Il n'y avait là nulle morale, nulle valeurs républicaines à sauver, ni guerre civile à éviter.
Il faut être bien naïf pour croire en ces fadaises.
Il s'agissait simplement de préparer un second tour Hollande/Le Pen en 2017.
En empêchant le Front National de remporter la moindre région, le Parti Socialiste l'a placé dans l'incapacité de montrer son savoir-faire et d'être ainsi davantage crédible. Il risque donc de demeurer toujours une vive suspicion à son égard. Suspicion d'incompétence et suspicion de division.
Marine Le Pen a moins deux ans pour lever les doutes à ce sujet.
François Hollande a moins d'un an pour aider Sarkozy à remporter la primaire.
Nicolas Sarkozy a moins de six mois pour rassurer les centristes.
Alain Juppé a moins de six mois pour convaincre les militants LR.
A vos marques...
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